Interview de Séverine Nomdedeu, Directrice de l’École Supérieure de Design de Troyes

Dans le cadre de sa rubrique « les Portes Ouvertes Numériques », étapes: vous fait découvrir des écoles d’art et de design et les formations qu’elles dispensent. Aujourd’hui, nous vous présentons l’École Supérieure de Design de Troyes et ses formations en proposant une interview de Séverine Nomdedeu, Directrice de l’École Supérieure de Design de Troyes.


Bonjour Madame Nomdedeu, pouvez-vous présenter les grands axes pédagogiques de l’École de Design de Troyes ?

La dimension transversale

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Le projet de l’école s’appuie sur des niveaux
de compétences et des étapes dans la formation du designer que l’étudiant doit franchir
grâce à une communauté d’apprentissages qui favorise le travail en équipe et
l’esprit d’initiative. Aussi, nous offrons aux étudiants, la possibilité de dessiner
leur parcours sur-mesure en fonction de leur projet professionnel, notamment
par le choix de cours électifs dès la 2e année du parcours.

Le choix de cette démarche répond d’une part, aux
besoins de créer des passerelles entre les disciplines du design et d’autre
part, de s’aligner sur les besoins de la profession en quête de profils de plus
en plus polyvalents.

La relation étudiant/entreprise

Depuis plus de dix ans maintenant, l’École Supérieure de Design de
Troyes établit sur son territoire, des relations fortes avec le tissu
professionnel au travers de projets finalisés avec ses étudiants dans les
différents parcours de formation. Ainsi, par le biais de projets collaboratifs
et de workshops, les étudiants sont amenés à travailler avec des professionnels
et se confrontent aux réalités du monde économique.

La culture du projet

Le projet de design est bien entendu l’un des
piliers de notre pédagogie. Ces phases de conception et de prototypage en
atelier amènent l’étudiant vers une pratique professionnelle teintée des
expériences vécues entre projets d’école et projets d’entreprises.

En fin de cursus, le projet de diplôme
illustre parfaitement la stratégie pédagogique de l’école visant à développer
un projet de design global associant pendant 7 mois, voire un an, un étudiant
et une entreprise.

En quoi l’école forme-t-elle à la réalité professionnelle du métier de designer ?

En proposant un parcours professionnalisant !

Notre démarche est celle de la recherche
exploratoire : travail sur des concepts, défrichage, identification de
nouvelles pistes. Elle nous permet de mettre progressivement nos étudiants en
situation pour un apprentissage dynamique et professionnel.

Que ce soit pour répondre à la problématique
d’une entreprise dans le cadre du projet collaboratif ou du projet de diplôme,
ou encore par le biais de workshops, les étudiants sont amenés à proposer de
nouvelles approches en rupture avec les codes et les logiques établies et ainsi
ouvrir de nouveaux champs des possibles.

Tout au long de leur parcours, ils sont amenés
à travailler en groupe, sur des cas pratiques en liens étroits avec les
entreprises qui leur confient des problématiques concrètes.

Ces projets collaboratifs sont une première
étape dans la formation qui les invitent à se projeter dans un contexte de
commande client. L’objectif étant d’aborder et approfondir les différentes
étapes du processus design telles qu’ils seront amenés à le faire une fois en
poste.

C’est également le cas au cours des 10 mois de
stage qui jalonnent les cinq années, où, au sein d’équipes pluridisciplinaires,
dans un cadre alliant rythme et discipline, ils peuvent se confronter aux
réalités et enjeux du terrain.

Dans notre volonté de favoriser l’innovation
dans l’entreprise au travers de coopérations renforcées avec un jeune designer,
l’alternance proposée dans le cadre du projet de diplôme en 5e année,
est un formidable tremplin pour entrer sur le marché du travail.

Enfin, grâce aux liens privilégiés que nous
entretenons avec la Technopole de l’Aube-en-Champagne, nous avons
progressivement initié des collaborations et de l’accompagnement design avec
les entrepreneurs. Et par le biais du Young Entrepreneur Center (l’incubateur
étudiant), les étudiants porteurs de projet de création d’entreprise peuvent bénéficier
d’un accompagnement sur-mesure et gratuit pour développer et concrétiser leur
projet.

Quelle vision du design souhaitez-vous que l’école transmette aux étudiants ?

La mission que nous nous sommes donnée est de former
des designers qui comprennent la société qui les entoure afin d’y contribuer de
manière créative et responsable. Via une approche pédagogique
transdisciplinaire et centrée sur la gestion de projet, en lien direct avec les
entreprises, nous permettons à nos étudiants d’acquérir les compétences et
expériences nécessaires à leur succès professionnel et épanouissement personnel
dans une société en constante évolution.

Le design est un
outil de réflexion stratégique. Le designer doit pouvoir apporter à
l’entreprise – et donc à l’usager – des hypothèses nouvelles, en adéquation
avec une identité d’entreprise. La confrontation entreprise/designer peut
ouvrir de nombreux champs d’expression et d’innovation et nous l’initions dans
notre pédagogie grâce aux recherches exploratoires et projets menés en lien
étroit avec nos entreprises partenaires.

Dans la mission du
designer toujours plus vaste, une culture de l’entreprise et de ses métiers est
primordiale et lui permet d’agir en tant qu’acteur clé au sein d’un projet. Les
implications d’un designer sont multiples et complexes. Il se retrouve au cœur
de systèmes et d’organisations difficiles à comprendre et en évolution
permanente. Les notions d’ouverture, de pluridisciplinarité et de
transversalité que nous prônons prennent alors tout leur sens.

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Fort de cette capacité
à dialoguer avec les entreprises, le designer aura alors un rôle important à
jouer pour offrir des solutions innovantes et performantes au service de leur
développement.

Selon vous, quels sont les grands enjeux auxquels le design va devoir faire face ?

Face à ces nouveaux
défis mondiaux, une vision de l’innovation purement techno centrée est
impensable et un management axé sur les stratégies existantes se révèlera
totalement inefficace.

Le design peut aider
à penser l’après, et il a un rôle majeur à jouer dans la représentation du
monde de demain pour donner du sens, créer de la différence, susciter de
l’enthousiasme, faire preuve d’empathie et mettre l’humain au cœur des
préoccupations.

C’est dans les entreprises
et les administrations/collectivités que cela doit commencer. Il faut intégrer
le design dans l’industrie, dans l’artisanat, dans les petites et grandes
entreprises, dans les collectivités, dans les médias pour imaginer et concevoir
du pratique, du sensé, du beau, des projets plus intelligents, plus
responsables, plus éthiques.

Les designers
doivent contribuer aux stratégies des entreprises, à la gestion du changement
et participer à la vision entrepreneuriale.

La richesse
qu’apporte l’approche des designers se retrouve dans le développement non
seulement de produits, services ou artefacts mais aussi dans le développement
éthique, idéologique, économique des structures avec lesquelles ils collaborent.

Les entreprises françaises et notamment les
PME ont une part belle à faire au design et ont tout à gagner à se nourrir de
ses approches, à évoluer au contact de ses pratiques. Il faut aujourd’hui
diffuser cette pratique pour inciter plus d’envies, plus de confiance et plus
de reconnaissance entre entreprises et pratiques du design.

En quoi l’École de Design de Troyes y est-t-elle adaptée ?

En tant qu’école de design, laboratoire permanent
grâce à nos étudiants, nous sommes des acteurs incontournables pour alimenter
cette porosité entre pratiques design, territoires, tissu économique, culturel
et social.

Trop souvent, le rôle du designer dans l’entreprise
est incompris ou sa valeur sous-estimée. Les dirigeants, notamment ceux des
PME, ne saisissent pas toujours l’impact du design dans la valeur de leur
produit et de leur marque, et en méconnaissent le facteur différenciant. C’est
pourquoi, il est nécessaire d’intégrer davantage le design dans la stratégie
d’entreprise.

Aussi, nous avons un rôle d’ambassadeur à
jouer auprès des PME et des TPE pour les conduire à appréhender le design comme
source d’innovation et de compétitivité et ce, en lien avec la recherche
scientifique dans le domaine.

Nos étudiants travaillent régulièrement avec
des entreprises (organismes publics, industries, artisans) motivées par
l’approche singulière qu’ils proposent. Ils ont pour mission d’apporter un
angle d’approche nouveau, afin que les projets gagnent en innovation, en
potentiel de diffusion, en degré d’aboutissement et par voie de conséquence, en
compétitivité.

Ces rencontres, au travers de projets de recherche, de diplôme, de workshops prospectifs, permettent souvent un apprivoisement mutuel qui est au cœur de la réussite de ces échanges initiatiques. C’est un processus vertueux tant pour les futurs designers qui développent leur capacité de résonnance et d’écoute tout en apportant leur liberté, voire leur insouciance créative que pour les porteurs de projets intègrent des questionnements nouveaux autour de leurs outils, organisations, clients, usagers…

Ci-dessous, projet de diplôme 5e année packaging & design graphique de Laura Montoya

Auriez-vous un exemple de projet de diplôme à nous faire part, qui résume toute la pédagogie de l’école ?

À l’Ecole
Supérieure de Design de Troyes, le projet de diplôme de 5e année s’inscrit
dans une relation de partenariat avec une entreprise afin d’amorcer un
processus d’innovation.

Il s’agit pour
l’étudiant, de repérer l’essence des projets, conserver la singularité de
l’entreprise et l’utiliser comme base de projection vers des usages nouveaux,
qui pourraient s’inscrire dans l’évolution de l’entreprise.

Ellipse, le projet de Laura Montoya, promotion 2019 illustre parfaitement nos ambitions pédagogiques et valeurs portées par l’école.

En
collaboration avec Montgolfier (société qui crée des emballages alimentaires
intelligents), Laura a développé la problématique suivante : proposer une
gamme de packaging alimentaire alliant démarche écologique et gain de temps
pour l’utilisateur.

Dans
un monde où le rythme de vie est presque imperturbable et où tout est conçu
pour aller de plus en plus vite, le design cherche à proposer de nouvelles
solutions mieux adaptées à l’homme dont la vie va à 100 à l’heure. Ellipse se veut être une approche
pratique de la consommation alimentaire pour ceux qui sont pressés :
consommer du snacking rapide, pratique et responsable, en somme, manger vite mais bien (pour
l’environnement et pour soi).

Laura
a ainsi proposé une gamme d’emballages alimentaires qui se positionne au milieu
d’un triangle magique : nutrition,
santé et environnement, qui répond en tous points aux habitudes de
consommation contemporaine, tout en étant responsable.

Un projet salué par le jury pour la pertinence des solutions proposées, ses qualités graphiques et une approche de communication qui sert la compréhension du projet et offre un regard frais et dynamique sur les solutions produit.

Projet de diplôme de 5e année, packaging & design graphique de Laura Montoya

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