La Biennale internationale de design graphique fleurit à Chaumont

La Biennale internationale de design graphique fait son grand retour à Chaumont. Après un weekend d’ouverture festif, le weekend du 22 mai, les expositions se poursuivent jusqu’au 21 octobre. Des jeux de société aux outils de création, en passant par le travail de femmes designers, une programmation variée se déploie pour cette quatrième édition de l’incontournable événement.

Le grand retour de la Biennale internationale de design graphique

La Biennale internationale de design graphique se déploie à Chaumont pour une quatrième édition. Dans le bâtiment du Signe, au rez-de-chaussée, la sélection de posters du concours international d’affiches de Chaumont 2023 est dévoilée. Cette année, le Grand Prix du jury est décerné à Michiel Schuurman, graphiste néerlandais, pour ses quatre affiches “Promotional indoor posters for BlockC” réalisées en 2020 pour la galerie d’art Kunstruimte BlockC (Groningen, Pays-Bas). Dans la seconde salle du rez-de-chaussée, l’exposition “Procès d’intention”, proposée par le directeur du Signe Jean-Michel Géridan, montre une variété de créations mobilisant des outils et matériaux en rupture avec la tradition. Parmi la sélection, se trouve une typographie expérimentale de Karl Nawrot, le Lÿno, popularisée par l’usage qu’en a fait la chanteuse Sophie. Sont aussi à découvrir, des créations textiles colorées – robes et coussins – de Suzy Chan. Elles font partie d’un ensemble de créations, intitulées “Made in China”, réalisées pendant le confinement en Chine dans le cadre d’ateliers d’arts plastiques pour enfants. Plus loin, des affiches de l’ANRT “The World’s Writing System” répertorient en fonction des ères géographiques et chronologiquement – à la manière d’un Tableau périodique des éléments – toutes les écritures du monde… une façon d’alerter quant à la disparition imminente de beaucoup d’écritures, non encodées dans l’Unicode ou ne disposant pas de police d’écriture. Enfin, dans la galerie au premier étage, l’exposition “Parade” de Vanina Pinter met en valeur le travail de femmes designers contemporaines (cf. “La parade du Signe”, Isaline Dupond Jacquemart, étapes 272).

Déconstruire la fabrique du genre

À 10 minutes de marche du Signe, dans l’une des pièces de l’ancienne école Sainte Marie, doucement éclairée par un soleil d’après-midi à travers les fenêtres, se donne à voir le travail de l’Atelier Baudelaire Perrin autour de la déconstruction des stéréotypes de genre. L’exposition “La fabrique des caractères” est composée d’affiches de datavisualisation analysant méticuleusement l’usage différentiel des couleurs en fonction de la manière dont un jeu pour enfant est genré. Sans surprise, le rose est prédominant dans le design et le packagings des jouets pour filles, la palette est plus restreinte que celle pensée pour les garçons, composée de rouge, bleu, jaune ou encore de vert. Des différences genrées de vocabulaires et de logos utilisés par les marques de jouets et de vêtements pour enfants se font aussi sentir. “Heart” ou encore “Unicorn” sont les deux mots les plus inscrits sur les t-shirts pour filles, tandis que “Wild”, “Galaxy” ou encore “World” sont associés aux garçons. Des installations textiles reprennent plus loin ces différents éléments. Sur une table basse noire, les visiteurs et visiteuses sont invité·es à manipuler des formes en bois découpées, en forme de logos, pour les associer aux marques leur correspondant, inscrites sur la table.

Joseph le Callennec, As du crayon

Dans une autre salle de l’école, le travail du graphiste et illustrateur Joseph le Callennec se déploie. Né en 1905 et mort en 1988, cet inconnu du grand public est le créateur du jeu 1000 bornes. L’exposition est curatée par Tony Durand de Fabrique des signes. Diplômé d’un CAP d’ouvrier typographe, Joseph le Callennec produit des créations graphiques pour le milieu de l’édition, de l’alimentation en encore pour des causes d’intérêt public. Parent ainsi les murs de l’école, peints en vert pomme ou en rouge pour l’occasion, un dépliant touristique pour Malbuisson, illustré d’une forêt et d’une jeune fille à robe blanche, les pieds dans l’eau. Plus loin, sont présentés au mur un packaging de sucre Béghin Say au logotype stylisé bleu et rouge, ou encore une affiche publicitaire pour la brasserie lilloise “Royal Eagle”. Disposée dans des vitrines d’exposition, se trouve une large panoplie de jeux designés par le créateur, comme le 1000 bornes inventé par Edmond Dujardin. Le jeu est redessiné en 1960, modernisé tout en conservant sa patte distinctive. On découvre aussi Reportages, un jeu tactique publié en 1965. Sur les cartes, sont dessinés différents portraits de reporters et des événements tels un naufrage ou une explosion, symbole d’un coup d’État, sont représentés. Plusieurs jeux de plateau complètent la collection, comme un jeu de chevaux, Auteuil, composé d’un plateau – une piste de course équine -, ou encore Stock-cars, inspiré de la pratique sportive du même nom venue des États-Unis. La composition du plateau est faite de routes entremêlées, les éléments sont stylisés et dialoguent avec des aplats de couleurs vives, soulignés par quelques traits dessinés. Enfin, une troisième exposition, intitulée “10 années d’exploration graphique au CACC Clamart”, offre un large panorama de l’univers graphique de l’institution et clôt, tout en couleurs, le lumineux espace de l’ancienne école Sainte Marie. Cette rétrospective rassemble dix années de travaux graphiques, réalisés sous la direction de Madeleine Mathé, autour de l’identité visuelle du centre fermé fin 2022.

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Source: etapes