Papier, encre, feutres, esquisses, mots : rencontre avec Kevin Manach

Kevin Manach s’épanouit dans le dessin, point de départ de ses activités d’illustration, de réalisation et d’animation. Il est celui qui a récemment réalisé l’affiche de la neuvième édition des Puces de l’Illustration. Formé en animation aux Gobelins, Kevin Manach a créé de nombreux clips musicaux, programmes animés pour Canal + ou encore France Télévision. Il a travaillé pour des marques telles que Chanel et La Société du Grand Paris et est publié dans la presse : Le Nouvel Obs, Le Parisien… Rencontre avec cet artiste aux multiples casquettes.

Quel est votre parcours ?

Une licence d’économie, une année de voyages sac au dos et l’école des Gobelins en animation, que j’ai conclue par un échange à la CalArts, l’université d’arts californienne, où j’ai réalisé mon premier court-métrage.

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De retour en France, j’ai rejoint le CRCR (collectif émérite qui œuvre dans la pub, le clip, le court), avant de réaliser des courts-métrages d’auteur, des clips et des documentaires avec mon compère Ugo Bienvenu pendant quelques années. J’ai depuis développé une carrière d’illustrateur et de réalisateur en solo, ainsi qu’une pratique occulte du dessin et de l’écriture dans mes carnets, dont on peut trouver des extraits sur instagram.

Vous avez plusieurs casquettes, réalisation, animation, illustration, comment articulez-vous ces différentes activités ? 

Comme des métiers différents, qui trouvent tous leur point de départ dans le dessin et quelques mots. Quand je réalise un film, les premières intentions passent par des croquis assemblés en story board, de la même manière que je propose des esquisses à mes clients, ou que j’observe la vie en général. Le dessin me permet de cadrer les choses et d’écrire, puis chaque métier suit ses rituels. Je passe naturellement de l’un à l’autre, de la mise en scène au rendu du galbe d’une cuisse, et ça décante.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail d’illustrateur ?

Le travail lui-même, la connexion au monde qu’il implique. J’apprécie ma routine, l’atelier, soulever mon rideau de fer, me faire couler un café et discuter avec les collègues. J’aime l’échange avec mes agents et les clients, l’agencement des budgets et des délais, la constitution d’équipes en ce qui concerne les films, tous ces rapports humains tendus vers une idée. Puis il y a l’illustration proprement dite, qui m’amène souvent à me documenter sur des sujets vers lesquels je ne serais pas allé autrement. J’aime la simplicité de mise en œuvre et la versatilité du travail d’illustrateur face à la technicité et à l’endurance que demande le dessin animé. Quand je me plonge dans l’image en cours, je passe du son et je trouve calme et volupté.

Quelles sont les différentes techniques que vous utilisez dans votre travail ?

Des outils de base et facilement transportables : papier, encre, feutres, esquisses, mots. Je dessine beaucoup d’observation, avant que l’invention s’en mêle. Le travail sur tablette graphique a pris une grande place aussi, au vu de la réactivité qui m’est souvent demandée. Dans tous les cas, il s’agit d’une technique de dessin, d’un soin du détail mesuré, et d’un certain feeling concernant le trait, les cadrages, les couleurs.

Dans quels types d’univers graphiques et narratifs évoluez-vous, vous créez notamment des univers apocalyptiques et surréels ?

Ces teintes sombres ou surréelles sont extrapolées d’un regard innocent sur ma réalité. J’évolue dans le seul univers que je connaisse : ma mémoire, la vie que je mène et que j’observe par le petit bout de ma lorgnette, tantôt déformante, trouble, tantôt limpide et jouasse. Parfois la vie pulse et déraille, s’abat la catastrophe, l’ombre rôde sur la douceur, l’intimité, le corps et la joie. Je veux rendre compte du risque et de la beauté, de la beauté du risque.

Quelles sont vos inspirations principales ?

L’observation de ce qui m’entoure en premier lieu, les gens que j’ai côtoyés, les paysages dans lesquels je fraie, mes émotions passées. En ce moment, c’est la mer et Marseille, les gens sur la plage en novembre, qui dament des huîtres au soleil.
La fiction me donne aussi à voir la vie dans une vérité particulière. La littérature accompagne mon travail, quand ma perception des choses entre en résonance avec celle d’un auteur. De la même manière, le cinéma peut résonner.
Et puis la photo, la peinture, le dessin, les magazines. En vrac et de manière non-exhaustive, je pense à Marguerite Duras, Jean Echenoz, Marcel Pagnol, Stanley Kubrick, Jonas Mekas, Johan Van der Keuken, Hervé Guibert, Patti Smith, Nan Goldin, Henri Darger, Chirico, Goya, Takehiko Inoue, Kazuo Umezu…

Vous avez réalisé l’affiche de l’édition 2021 des Puces de l’Illustration qui se déroulent au Campus Fonderie de l’Image, quelles ont été les indications pour cette commande et quelles ont été vos intentions ?

Les indications étaient vastes : il fallait évoquer l’événement, et son retour IRL. J’étais très libre, j’ai fait avec l’humeur du moment : une envie de calme, de couleurs douces, le souvenir d’une nuisette jaune, une disparition et la vie qui continue.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement et ceux à venir ?

Je termine en ce moment mon travail de dessinateur sur un documentaire à paraître sur Arte, ainsi que des illustrations pour Puiforcat et pour la presse. Puis je me lance dans la conception d’un livre aux éditions Réalistes, et vers plus de couleur.

→ @kevinmanach

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Source: etapes

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