Samuel Eckert en six objets

Illustration, direction artistique, graphisme, tatouage et peinture… Samuel Eckert navigue à travers les domaines de la création, l’image et la communication. Avec un trait incisif, un certain humour et l’art de jouer autant avec les mots qu’avec les formes, l’illustrateur et graphiste investit tous les supports, de l’imprimé au digital, en passant par la peinture mural et les toiles. Samuel Eckert a choisi six objets de son appartement le représentant : chinés, trouvés, achetés à un·e designer ou un·e artiste… Rencontre.

Samuel Eckert
© Isaline Dupond Jacquemart

Isaline Dupond Jacquemart : Dans votre travail, vous mêlez régulièrement traits d’humour et illustration. Pourquoi cette association vous intéresse-t-elle ?

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Samuel Eckert : L’humour permet de mettre à distance des événements et des réalités qui nous dépassent et de gagner en légèreté. Grâce à la prise de distance qu’il donne, cet outil offre la possibilité de mieux analyser son quotidien, les personnes qui nous entourent, et soi-même.

IDJ : Quel est votre parcours ?

SE : J’ai longtemps cherché à trouver ma place jusqu’à mes 18 ans, âge auquel je suis entré en classe préparatoire d’arts appliqués. Si j’ai connu, enfant, des difficultés sociales et scolaires, l’art et le graphisme m’ont ouvert les portes d’un autre monde. Le secteur de l’image est très diversifié, de l’illustration, jusqu’à la photographie, en passant par le graphisme, et même l’édition…

Sérigraphie réalisée par Samuel Eckert.

IDJ : Il y a 5 ans, vous étiez interviewé par étapes:. Quelle a été votre évolution depuis cette interview ?

SE : Il y a 5 ans, en parallèle de mon activité de graphiste, je commençais à tatouer, une pratique que j’ai beaucoup développée. J’ai publié un livre des tatouages que j’ai faits, intitulé “Tatouages vol. 1“. Aujourd’hui, je tatoue moins. En revanche, je travaille sur des projets enthousiasmants et très divers.

Illustration de Samuel Eckert pour Le Figaro.

IDJ : Pouvez-vous me parler de ces différents projets ?

SE : J’élabore la direction artistique d’une marque de produits cosmétiques pour animaux. Je suis aussi intervenu lors d’un événement organisé par la marque de sextoy Amorelie. J’avais pour mission de dessiner en cinq minutes ce que représente la joie pour chaque participant. Je crée aussi des illustrations de commande, comme pour le Figaro. Je travaille à 360° pour de jeunes marques, des projets qui demandent une véritable analyse stratégique, en plus de compétences de graphiste et d’illustrateur. J’affine le ton de la communication. Il y a une vraie dimension sociale dans le métier de graphiste : mon objectif est d’aider les personnes à raconter leur histoire, et à la mettre visuellement en valeur. Je développe aussi un travail d’artiste : j’expose ainsi des peintures et certains de mes posters sont distribués en galerie.

Illustrations réalisées par Samuel Eckert pour Amorelie. 2022.

IDJ : Vous réalisez aussi des workshops avec des enfants et adolescents.

SE : Je donne régulièrement des workshops depuis 2015. Je travaille avec l’association La Source, créée par Élizabeth et Gérard Garouste. Elle favorise l’épanouissement des enfants à travers l’art. L’année dernière, j’ai réalisé un atelier intitulé “Dessine ce que j’ai vu”. Je me suis mis à la place d’un jeune entre 8 et 15 ans, enfermé chez lui pendant le confinement et pour qui, la seule distraction, est de pouvoir jouer avec soi-même. J’ai proposé aux jeunes participants du workshop de réfléchir à des associations d’idées et à la manière de susciter l’émotion par l’illustration en mettent en relation deux éléments, pourtant en décalage.

Workshop de Samuel Eckert “La boîte aux créations”, pour l’association La Source. 2020.

IDJ : Quelle est l’une des dernières commandes que vous avez le plus apprécié réaliser ?

SE : J’ai récemment travaillé pour la Gaîté Lyrique pour son programme de rencontres et de workshops “NØ LAB” du collectif NØ. Ce dernier explore les technologies et leur impact sur l’humain et l’environnement. La structure souhaitait une identité globale pour l’ensemble des conférences et des ateliers “NØ LAB” de l’année. J’ai notamment travaillé avec le medium de l’illustration, pour des supports digitaux.

IDJ : Comment trouvez-vous un juste équilibre entre l’image et les mots ?

SE : Je commence toujours par élaborer la stratégie, en me renseignant sur le client et son univers. Je m’applique aussi à travailler la cohérence entre les différents supports digitaux et imprimés, ainsi que les déclinaisons.

Identité visuelle du cycle de rencontre et workshops “NØ LAB” pur la Gaîté Lyrique.

IDJ : Quel est le point de départ de votre processus de création ?

SE : Je commence toujours par des croquis à la main, dans des carnets que je fabrique moi-même. Je note aussi des idées.

IDJ : Quelles sont vos inspirations ?

SE : Je suis inspiré par le travail de l’illustrateur Chaval. La force narrative de ses dessins m’interpelle. J’apprécie aussi les créations de Paul Loubet, un artiste que j’ai rencontré il y a 10 ans, l’une des premières personnes qui m’a par ailleurs tatoué. Il mêle différents univers qu’il rend accessibles et ludiques, des typographies des années 1970, aux jeux vidéo. Les livres de Masala Noir me parlent aussi beaucoup. Il s’inspire de différentes contre-cultures. Il collectionne des posters de rave, des logos d’avion ou encore des publicités art déco japonaises et crée à partir de ces matériaux des livres thématiques.

“Petites histoires” de Samuel Eckert.

IDJ : Quelles sont vos aspirations pour la suite ?

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SE : J’ai récemment réalisé un livre de strips aux éditions Le Bouc intitulé “Petites histoires” et j’aimerais publier d’autres livres. J’ai aussi envie de faire des peintures en grand format, exposer et tendre vers des productions plus artistiques, en plus de mon travail de graphiste et d’illustrateur. J’aime aussi produire de l’art accessible et vendre des formats abordables, comme des posters ou des fanzines.

Portrait en six objets

Objets chinés, trouvés, achetés à un·e designer ou un·e artiste… voici quelques-uns des objets appartenant à Samuel Eckert, décorant son appartement pantinois. Le designer a choisi ceux qui le représentent le plus et qui disent quelque chose de sa personnalité, de ses goûts et de ses inspirations. Cette sélection, réalisée pour l’interview, forme ainsi un portrait en creux du graphiste et de l’illustrateur.

Création d’Hélène Thomas.
© Isaline Dupond Jacquemart

J’ai acheté cet objet à Hélène Thomas, une artiste pratiquant l’illustration et la céramique. Elle réalise des objets, comme cette balle de tennis, très pop. Il y a une forme de poésie dans le fait de détourner des objets du quotidien. Elle ajoute un socle à une simple balle de tennis en céramique, devenant un support pour fleurs séchées.” – Samuel Eckert

© Isaline Dupond Jacquemart

“J’ai trouvé un jour une collection de cassettes dans la rue, dans le quartier dans lequel j’ai grandi. Parmi ces cassettes, celle de la bande-son d’un de mes films préférés, Pulp Fiction de Quentin Tarantino. La cassette a un aspect rétro que j’apprécie, elle me rappelle qu’il y a encore peu, il fallait se rendre dans un magasin spécialisé pour obtenir les morceaux de la bande-son d’un film.” – Samuel Eckert

© Isaline Dupond Jacquemart

“J’ai habité pendant une période en face d’une église partagée entre plusieurs cultes : des chrétiens, des orthodoxes, etc., et des personnes aux origines multiples. Un jour, un carton de bibles a été laissé devant l’église. J’ai récupéré cette micro bible de poche en coréen. J’aime son petit format, sa couverture en cuir et ses dorures. Il y a même une fermeture éclair pour bien refermer l’ouvrage.” – Samuel Eckert

© Isaline Dupond Jacquemart

“J’ai trouvé le pin’s dauphin “Stop au massacre” dans un Emmaüs en 2011. Il faisait partie d’une collection de 200 pin’s que j’ai acquise ! J’aime cette idée de porter sur soi une cause, et de vivre à travers ses convictions. J’ai gagné le briquet lors d’une fête foraine à laquelle je me suis rendu avec mon petit frère l’hiver dernier. Nous avons discuté avec des forains dont les machines de jeux étaient assez vieilles et qui avaient des difficultés à pouvoir en acheter de plus modernes. J’ai gagné cet objet à l’aspect rétro : il avait l’air d’être là depuis 15 ans…” Samuel Eckert.

Salière et poivrière David Shrig.
© Isaline Dupond Jacquemart

“Ce poivrier et cette salière “Heroin and cocaïne shakers” de David Shrig m’amusent. Je les trouve impertinents : l’absurde est pour moi la meilleure des drogues.” – Samuel Eckert

Jeu “memory” de Misaki Kawai.
© Isaline Dupond Jacquemart

“Ce jeu de “memory” a été créé par Misaki Kawai, une artiste japonaise ayant influencé de nombreux illustrateurs et dont le travail est coloré, pop, avec un aspect presque naïf. Je l’ai acheté dans un musée à Malmö.” – Samuel Eckert

samueleckert.com
@samueleckert

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Source: etapes

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