Scopitone, la nature 2.0

Après une édition 2020 annulée, Scopitone reprend du service. Le festival nantais nous invite à contempler notre présent et imaginer notre futur, dans le cadre d’une exposition où vingt œuvres mêlent technologies numériques et phénomènes naturels.

Les phénomènes naturels étaient autrefois une source d’inspiration intarissable pour les artistes. Des grottes préhistoriques aux expressionnistes, ils ont façonné l’histoire de l’art en le chargeant d’interprétations mystiques. Aujourd’hui, la science a résolu nombre de ses secrets et mis à jour des réactions physiques, imperceptibles par l’homme. Des ondes sonores aux gaz invisibles et indolores qui composent notre environnement, jusqu’aux micro-organismes bactériens responsables de nombreux phénomènes visuels, un nouveau monde s’est ouvert. Alors que le péril écologique s’intensifie, les artistes contemporains s’emparent de ces découvertes. Grâce aux technologies digitales, ils dénoncent les écocides de l’homme et témoignent des résistances dont font preuve certaines espèces. Une poignée d’entre eux seront réunit lors du festival nantais Scopitone, qui pour sa 19e édition, a fait le choix d’une programmation résolue à rendre visible l’invisible.

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Anna Ridler – Mosaic Virus

Parmi ces artistes, la britannique Anna Ridler présente Mosaic Virus, une œuvre à travers laquelle elle parvient à assembler deux éléments pour le moins éloignés : la tulipe et le Bitcoin. La tulipe fut effectivement à l’origine de la première bulle spéculative de l’histoire du capitalisme, quand le Bitcoin en est la dernière manifestation. Au XVIIe siècle, certaines fleurs très rares présentaient des rayures telles des flocages, causées par des œufs microscopiques pondus dans leurs bulbes par des pucerons. Du fait de leur rareté et de l’incompréhension du phénomène, ces fleurs pouvaient atteindre le tarif d’une maison dans le centre-ville d’Amsterdam, avant de s’effondrer au prix d’un simple oignon… Aujourd’hui, la fluctuation du Bitcoin et la méconnaissance de la Blockchain reproduisent ces excès spéculatifs. Dans Mosaic Virus, les variations en temps réel du prix du Bitcoin agissent sur la croissance des pétales. Leurs couleurs, leurs formes, leurs positions et leurs tailles se transforment sous l’influence des marchés financiers. Cependant, si le spectateur tente d’inspecter les rayures des pétales, il n’en comprendra pas la signification. Anna Ridler indique ainsi qu’il existe plusieurs niveaux de lecture de l’information, tout en soulignant l’absurdité qu’il y a à donner une valeur économique à la nature.

Sabrina Ratté – Floralia

Avec Floralia, la canadienne Sabrina Ratté utilise également l’art numérique et la nature pour éclairer les mutations de la planète. Adepte de l’image numérique 3D, elle nous plonge dans un futur spéculatif où des échantillons d’espèces végétales alors disparues sont conservés et exposés dans une salle d’archives virtuelle. Par l’entremise du montage, de stratégies visuelles et sous l’effet d’interférences provoquées par la mémoire des plantes, cette salle se transforme en un écosystème nouveau, issu de la fusion entre technologie et matière organique. Floralia laisse alors entrevoir les traces d’un passé qui continue à hanter le présent.

Élise Morin – Spring Odyssey

D’autres artistes utilisent la technologie afin de révéler ou de sublimer la nature. Dans Spring Odyssey, Élise Morin matérialise dans un objet numérique les capacités de résistance à la radioactivité qu’ont développé certains végétaux de la forêt rouge de Tchernobyl. Quant à Claire Williams, elle expose deux œuvres dévoilant des phénomènes physiques invisibles. La première, Les Aethers, donne à voir en direct les variations électromagnétiques du lieu dans lequel elle est exposée. La seconde, Zoryas, présente une série de six sculptures en verre. Celles-ci sont emplies des gaz présents dans le milieu interstellaire : argon, néon, krypton, xénon, et nitrogène… Tous sont composés de plasma, quatrième état de la matière, présent dans 99% de l’univers, et pourtant invisible.

Justine Emard – Supraorganism

La française Justine Emard utilise quant à elle des données sur la nature pour émettre des prédictions sur des futurs possibles. Issues de l’analyse du comportement des abeilles ces informations aboutissent à la création d’une intelligence artificielle, incarnée dans une vingtaine de sculptures en verre robotisées et interconnectées. En prenant vie, Supraorganism dévoile une forme d’intelligence collective générant en direct de nouvelles images, comme si la nature parvenait à communiquer avec les humains.

Scopitone, du 8 au 19 septembre à Stereolux (Nantes).
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Affiche par Julien Pacaud

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Source: etapes

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