Talents en Action : une interview Muy/Bien avec M/B.

Talents en Action part à la rencontre de la jeune génération de créatifs français et les disciplines du design graphique. Une rubrique en partenariat avec Adobe. Retrouvez les travaux de M/B. dans le n°254 d’étapes:.


Il y a chez M/B. une certaine légéreté, un amusement certain et un amour du jeu. Il y a aussi une science de l’histoire et du storytelling, qui se déploie entre imprimé et digital grâce à une maîtrise des codes et des supports. Alliant savoir faire publicitaire à l‘exigence du domaine culturel, Marine de Bouchony et Camille de Laurens créent des univers sensibles et sensés, dans lesquels les couleurs, souvent primaires accordent la primauté au sens. Pour Talents en Action, nous sommes allés à la rencontre des deux fondatrices de M/B. dans leur bureau du 17ème arrondissement de Paris.

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Est-ce que d’un point de vue créatif, le fait d’être dans deux villes apporte quelque chose ?

Camille De Laurens : Oui. On a travaillé coude à coude pendant quasiment six ans, on partait en vacances ensemble, on dinait au restaurant avec nos copains le soir… on vivait peut-être un peu trop collé serré. Le fait que Marine soit partie à Marseille nous a beaucoup libérées et a aussi permis que chacune retrouve une place indépendante. Donc paradoxalement, cela nous a resserré nos liens malgré la distance. Créativement, c’est tout benef !

Je disais cela car
justement, dans les couleurs que vous utilisez, les lumi
ères, les ambiances que vous créez, il y a quelque chose d’assez méditerranéen.

Marine de Bouchony : Ça fait plaisir que tu dises ça, on cherche à avoir une écriture méditerranéenne. C’est une région du monde qui nous inspire. Elle est synonyme de vacances, d’odeurs, de sons qui nous font rêver. Partager ce rêve méditerranéen dans notre travail et shooter là-bas c’est la vie idéale pour M/B.

Et le choix des couleurs, ces couleurs assez franches, d’où vient cette attirance ?

C : C’est plutôt dans un souci d’efficacité. Je pense qu’à force de chercher des nuances, ce qui peut être très enrichissant, on perd l’essentiel. C’est pourquoi on utilise des couleurs tranchées, ça correspond à nos caractères et aux messages que l’on veut faire passer.

Le voyage semble être une composante
importante du studio également.

M : Le voyage, c’est l’expérience ultime. Ça nous anime toutes les deux depuis toujours. On a commencé en s’offrant un voyage récréatif, d’inspiration, pour se féliciter de notre travail !
C : On appelle ça dans le jargon de l’entreprise, un team building !
M : Notre premier voyage ensemble c’était à New-York. Une ville qui nous fascine depuis notre jeunesse, remplie de séries et de films américains. On a trouvé une styliste, loué une voiture, pris ses 4 enfants et on a shooté la série photo qui nous faisait rêver.
M : Voilà, ça ressemble bien à l’esprit M/B. on s’offre nos rêves.

Est-ce que ces voyages découlent sur votre travail ?

C : C’est le but !
M : C’est un vrai team building ! On est amies depuis toujours, on a fait la même école et on trouve ça important à un moment de retrouver ce qui fait l’essence même de notre relation. Se dire : « Tu veux aller où ? C’est quoi ton prochain rêve ? C’est qui ton dream client ? ». Se poser des questions, essayer d’avoir une vision, prendre du recul… Faire un voyage nous parait être ce qu’il y a de mieux pour ça.
C : On revient aussi avec des images pour faire rêver nos futurs clients. Et en général on développe ça dans un produit. On a fait des journaux papiers qu’on envoyait à nos clients pour faire de la prospection.

Donc cela vous permet
également de développer la partie photo de M/B j’imagine.

M : Oui les premières photos de M/B. c’est notre American trip, c’est le moment où on a osé (ndlr. voir la série photo sur le site de M/B.).

Et maintenant, la part que la photo prend dans le studio est assez importante ?

M : Oui la moitié presque.
C : Cela varie selon les années. On pense à nous pour de la production de contenu et pour de l’identité visuelle. Les plateformes de marque se font par bouche à oreille.

D’où vous vient ce goût pour l’enfance et le jeu ?

M : Ça vient de nos enfances respectives, heureuses et dans des familles nombreuses. Cela nous lie énormément. Quand on a créé M/B., on s’est dit que notre priorité était de s’amuser. La raison pour laquelle on est ensemble, c’est parce qu’on rigole ! Alors après on ne peut pas ricaner toute la sainte journée, mais ça reste le but.

Il y a un aspect un peu « bricolage »
justement dans votre travail.

C : Oui c’est tout à fait vrai !
M : On préfère dire malin ! (rires)
C : On assume complètement ce côté bricolage, on est incapable de faire quelque chose de parfait.
M : On n’aime pas la perfection. Le graphiste est en général quelqu’un d’assez ordonné et nous bizarrement on aime bien mettre des coups de pieds dans la fourmilière.
C : D’ailleurs il y a un M/B. « Monsieur/Bricolage » qui nous va assez bien !

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Qu’est-ce que vous essayez de transmettre quand vous fabriquez une image ?

C : Du jeu, de la couleur, du soleil, mais aussi dernièrement, plus d’engagement. Un peu comme tout le monde, mais je pense que c’est important de le noter.
M : En septembre, on s’est dit qu’on allait vraiment essayer de chercher des sujets plus engagés, qui ont plus de sens pour nous, plus durables aussi. On ne veut plus être dans l’éphémère donc on a décidé de ne plus faire d’évènementiel par exemple.

Comment cela se concrétise ?

M : Ça peut se concrétiser dans une production par exemple, ou au lieu d’aller chez frichti, on préfère faire à manger pour l’équipe.
C : On travaille en ce moment sur l’identité visuelle d’une tour à la défense. Dit comme ça, cela ne semble absolument pas écolo, mais on leur a fait toute une présentation sur l’éco-sensibilité…
M : Sur comment créer un éco-quartier, ramener du sens dans ces tours aussi…
C : et du féminisme, du bien-être… Ce sont toutes les tendances du moment, donc ce n’est pas complètement illogique, mais sur pleins de sujets, on peut avancer.

Du point de vue
strictement visuel, vous essayez de faire du « 
beau et efficace ». Comment vous définissez ça ?

M : D’abord, on trouve une idée qui nous parait simple, efficace, facile à expliquer et ensuite on la rend belle. Dans le travail de l’image, l’épure, les formes, les matières et les textures nous attirent. Il y a évidemment des détails, il faut que l’œil s’accroche à plusieurs choses, une pointe de couleur, une matière différente… Il peut y avoir une double lecture c’est même le graal, mais la première doit être claire en tout cas.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans un projet ? Ou qui vous fatigue le plus ?

: Ce qui nous plait le plus, c’est d’être challengées. Comme lorsqu’il faut faire l’identité visuelle d’une tour. De prime abord, ça parait fastidieux, voir presque ennuyeux, mais en fait ça nous amuse d’autant plus !
M : On challenge toujours le brief du client, on essaye toujours de comprendre comment faire du malin pour vendre… mais ce que l’on aime par-dessus tout c’est monter des équipes. On aime l’effervescence, les rencontres, le travail d’équipe.
C : Ce qui est fatiguant, c’est surtout les projets trop longs ou lents. Car on perd en efficacité. On aime travailler en direct avec le client pour cette raison. Il faut que ce soit rapide car avoir trop d’intermédiaires pose toujours des problèmes.

Quel est le projet qui
vous a le plus appris 
?

C : Parallèle. On a travaillé pour une marque dont on a quasiment été le marketing externalisé. Il y avait plein de choses que l’on savait faire et plein d’autres que l’on a apprise en faisant.
M : C’était une belle endormie qui devait se réinventer. Un investisseur venait de racheter l’entreprise et on est arrivée pour réaliser une plateforme de marque et dérouler cette plateforme le temps d’une collection.
C : Et ça a été un énorme projet car pour un petit studio comme le nôtre, gérer tous les réseaux, tous les canaux de distribution, ça prend énormément de temps.
M : En fait, comme dit Camille, on apprend un maximum lorsque l’on sort de notre zone de confort, quand on ne sait pas faire mais qu’on s’y engage quand même.

Vous êtes du genre à tout accepter
justement 
?

M : Non absolument pas ! On dit non à beaucoup de choses.

Pouvez-vous nous expliquer l’idée derrière la création que vous avez faite pour Talents en Action ?

C : L’idée était de faire un résumé du studio. On fonctionne souvent en moodboard, à deux on mélange plein de choses. Cet univers de capture d’écran de bureau d’ordinateur nous ressemble beaucoup. On voulait créer une image empreinte de sujets chers à M/B., donc il fallait qu’il y ait de la beauté, du mouvement, de la photo et de la typographie.

Et cette idée d’avoir glitché certains éléments, d’où vient-elle ?

C : C’est pour illustrer le mouvement et le côté digital du bureau, qui est notre petit « instamatic » du quotidien. Parfois il y a des choses qui se passent sur notre écran. Ça peut être un mail d’un client qui nous envoie un mot doux et qu’on capture par fierté, ou en faisant des retouches, tout d’un coup, le hasard graphique intervient et plein de petits points apparaissent car la fille que l’on a retouché sur l’image a une mauvaise peau et que l’on a tout colorié ! Bref, c’est un peu notre tableau du quotidien.

Pourquoi avoir choisi InDesign au lieu de Photoshop pour cette création ?

C : Ici, Photoshop sert uniquement à la retouche de photos ! À faire un peu d’animation parfois. Nous sommes des anciennes de Quark Express. On vient plutôt de l’édition à l’origine. On est passé de Quark Express à InDesign sans heurts mais de là à créer sur Photoshop … !
M : Je fais même mes Gifs sur InDesign ! En fait, on pense d’abord mise en page quand on fait une image. C’est notre idée de la composition.

D’une part, il y a chez M/B. une volonté d’avoir une identité forte et en même temps vous êtes très dirigé par le client. Quelle est votre approche et votre fonctionnement par rapport à lui ?

M : On sait que ce sont eux qui nous font vivre, que le but pour nous est de répondre à une question et que cette question n’est parfois pas très bien formulée. C’est pour cela que l’on essaye de comprendre vraiment notre client. Une fois que l’on a bien compris la question, notre objectif est d’y répondre le mieux possible, à la façon de M/B., c’est-à-dire en faisant quelque chose d’efficace, de « catchy ».
C : Souvent, au début d’un projet avec un client, plus que lui fournir des images ou des inspirations, on lui raconte sa propre histoire.
M : Parvenir à une validation de cette façon, c’est une vraie assurance pour nous deux.
: Oui, cela montre qu’on a pris le temps de bien comprendre qui ils sont, de saisir les nuances de leur marque et leurs besoins. Je pense aussi que c’est un vrai atout pour tout ce qui est de l’ordre de la communication, des réseaux sociaux etc. Ça les aide à mieux comprendre qui ils sont. Il y a toujours deux facettes à développer : l’image et l’histoire.
C : On se rend compte aussi que ce n’est pas facile de laisser de la place au client. Enfin, s’il s’agit d’une grande marque chez qui il y a une grosse équipe, c’est un peu moins le cas. Mais dans celui d’une petite marque, c’est plus compliqué car il y a moins de ressources.
M : Il faut créer de l’évidence pour que le client puisse s’approprier facilement le projet, ainsi que la méthode de création.
: Il faut donc qu’à un moment, on s’extrait de notre créativité pour aller chercher celle du client et être sûr qu’il pourra s’adapter et produire des choses efficaces et intelligentes.
: C’est pour ça que l’important est d’avoir cet équilibre entre un petit client créatif, plein de liberté et un gros client, bien structuré, qui sait communiquer. On navigue toujours entre les deux.

Comment voyez-vous M/B. dans dix ans ?

M : Ouvrir un hôtel serait parfait ! On aime bien voyager, on aime ces lieux de recul, de déconnexion… On a fait un workshop à l’ECV il y a peu et on a demandé aux élèves de penser l’identité d‘un groupe hôtelier M/B.
C : Il y a l’hôtel des Batignolles et l’hôtel Perron, qui est sur la corniche à Marseille. On a bien aimé enseigner également. On ne le ferait pas tous les jours mais c’était bien de se frotter à la jeunesse et à la transmission. On aimerait bien faire un livre également, un ouvrage de photo peut être et puis étant donné qu’on aime beaucoup mélanger les mots, jouer avec…
: On a beaucoup d’envies ! Au niveau des clients, on dit souvent que Camille aimerait bien travailler pour Voyageurs du Monde et moi, pour Dolce Gabbana !
C : Inch’Allah !


Moving/Beauty par M/B.

Dans ce numéro, étapes: s’associe à M/B. pour concevoir une création originale à partir des logiciels Adobe Creative Cloud. Nous avons demandé à M/B. de concevoir une création sur les thèmes « Tout se transforme » et « Carnaval », ce dernier inspiré de Makeup is not a mask, l’une des tendances visuelles 2020 d’Adobe.

Découvrez très prochainement le making-of de la création sur etapes.com.

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Source: etapes

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